Lève-tôt !

Les aiguilles de la montre d’Audrey lui indiquaient qu’il était six heures. 1... 2… 3… Elle regarda la trotteuse former son cercle 34… 35… 36… Il était trop tôt pour trouver qui que ce soit dans les couloirs 57… 58… 59… et 60 ! Une minute qu’elle essayait de peser le pour et le contre de sortir de son dortoir à une telle heure. Elle s’était réveillée comme une rose, son compte de sommeil atteint.

Elle n’avait pas le courage de se rendormir. Doucement, elle se leva ne souhaitant pas déranger sa colocataire. Tâtonnant dans le noir, elle prit un jeans et une chemisette rouge qu’elle enfila rapidement. Toujours autant aveugle, elle arriva à prendre un de ses livres qu’elle avait acheté avant de venir ici.

Elle ouvrit la porte dans un petit grincement qui n’eut aucun effet sur la dormeuse. Soulagée, la jeune fille passa rapidement dans le couloir. La lueur de la Lune éclairait faiblement le passage. Seul le petit ‘Exit’ permettait de bien s’y retrouver. Descendant les escaliers, elle lut le titre du livre pris au hasard : Statistiques appliquées à la psychologie. Elle soupira : elle qui croyait se trouver en compagnie d’un bon roman. Enfin, elle prendrait un peu d’avance sur le programme.

Elle entra dans le bâtiment silencieux de Cambridge. Il y avait du bon à se retrouver seule dans ce non bruit absolu. Seul le bruit de ses pas parvenait à ses oreilles. Elle se souvient lorsqu’elle se baladait dans les landes d’Ecosse au petit matin. Elle ressentait alors l’impression de liberté que pouvait provoquer le vent sur ses joues par exemple. Déambulant dans ces couloirs, elle ressentait cette liberté mais plutôt parce que personne ne savait qu’elle était ici.

La jeune anglaise passa la porte du foyer. Elle aimait cette pièce démodée qui lui donnait le sentiment d’être chez elle. La pièce était bien évidement vide cependant, un feu brûlait doucement dans l’âtre de la cheminée. La chaleur que procurait ce feu était minime ce qui ne l’empêcha pas de rapprocher un gros fauteuil le plus près possible de cette source de chaleur.

Enfoncée dans ce siège, elle ramena ses genoux contre son menton. Son regard était captivé par le jeu des flammes. Un jeu complexe mais merveilleux qui éblouissait toujours autant la jeune fille. L’image de son frère souriant s’imposa dans son esprit. Elle en fut surprise. Tellement qu’elle dut prendre quelques instants avant de retrouver complètement ses esprits.

Cela devait faire bien six mois que cela ne lui était pas arrivé. Il lui arrivait de penser à son frère bien entendu mais toujours volontairement. C’était étrange mais l’esprit humain est étrange. Il fallait qu’elle se change les idées avant que se sentiments prennent le dessus. Elle prit alors le livre qu’elle avait apporté.

Lire lui ferait du bien. Sans aucun doute.